Goethe-Institut de Paris

Présentation du projet pour le Printemps du dessin 

• Exposition "Exquisit Body" de l'artiste Timo Herbst, avec les collaborations de Duane Corpis, Marcus Nebe et Bahaa Talis : du 18 mars au 23 mai 2026, vernissage le mercredi 18 mars à 19h 

À l’occasion du salon international du dessin contemporain Drawing Now Paris et du Printemps du dessin l’exposition EXQUISITE BODY présente des installations majeures de Timo Herbst, artiste né à Flensburg et vivant entre Berlin et Paris, qui explorent le mouvement du corps humain. À partir de gestes fragmentés et isolés, se construit un nouveau regard sur la manière dont les corps se transforment, laissent des traces et agissent dans des contextes sociaux. L’exposition invite ainsi à réfléchir au rôle que jouent aujourd’hui les corps dans notre perception, notre communication et notre vie en société.

L’exposition personnelle au Goethe-Institut de Paris réunit cinq installations majeures de Timo Herbst depuis 2015 : EPHEMERA, POSITIONINGS, POINT OF COINCIDENCE, RHYTHMUSANALYSE et PLAY BY RULES. Chacune de ces œuvres aborde à sa manière le mouvement du corps humain ainsi que son histoire individuelle et collective. Inspirées du jeu Cadavre exquis développé par les artistes surréalistes, les installations travaillent avec des séquences de mouvements fragmentées et des éléments temporels disjoints qui s’assemblent pour former une image d’ensemble. Cette succession de fragments rend visibles les traces et les données des mouvements corporels et les met en relation. Elle ouvre ainsi un accès aux espaces sociaux qui émergent de ces mouvements, se transforment par eux et, en retour, les influencent.

EXQUISITE BODY est un récit de transformations corporelles : dans l’interaction de l’ensemble des œuvres de Timo Herbst se déploie un mouvement narratif porté non par une dramaturgie extérieure, mais par des résonances intérieures. L’exposition conduit de la captation numérique du corps humain à ses traces historiques et rituelles, jusqu’à sa transformation médiatique. Elle montre le corps comme une instance à la fois fragile et puissante, en constante mutation sous l’effet des procédés techniques, des événements sociaux et des perceptions publiques. L’exposition devient ainsi un lieu d’observation et de réflexion – sur la visibilité et la production d’images, sur la construction de la réalité et sur la question du rôle que jouent aujourd’hui les corps dans les processus de négociation sociale, ainsi que sur leur importance pour la communication et l’interaction sociales.

Dans de nombreuses œuvres de l’exposition, le corps humain et notre corporéité se croisent : les installations présentent le corps comme porteur de données, de signes et d’images, tout en renvoyant à l’expérience corporelle qui sous-tend chaque mouvement et se transforme à travers lui.

À une époque où les corps deviennent de plus en plus des surfaces de projection pour des processus de négociation technologiques, sociaux et politiques, l’exposition ouvre ainsi un regard nuancé sur cette négociation permanente entre présence physique et extension numérique. Les œuvres de Herbst, créées au fil d’une décennie dans diverses configurations collaboratives, s’inspirent à la fois de gestes corporels historiques et de formes de mouvement contemporaines, qu’elles traduisent en espaces visuels esthétiques, analytiques et médiatiques. Herbst explore comment les corps communiquent (de manière consciente ou inconsciente, individuelle ou collective, analogique ou numérique) et comment, à partir de ces mouvements, se forment des significations, des appartenances et des identités.

La réflexion sur la contestation occupe une place centrale dans les œuvres de Herbst. Dans les mouvements de contestation, la relation entre corps, espace et pouvoir se manifeste sous une forme particulièrement condensée. Des gestes tels que lever les mains, serrer le poing, s’agenouiller, crier ou marcher ensemble sont des chorégraphies collectives où les revendications politiques deviennent visibles et audibles. Elles naissent de situations historiques concrètes et évoluent au fil du temps, sont citées, transmises, transformées.

En analysant ces gestes, en les captant numériquement, en les fragmentant ou en les transposant dans le dessin, Herbst met en lumière les mécanismes par lesquels la contestation s’articule et est perçue socialement. Ses œuvres montrent comment le corps devient porteur d’une force d’expression politique, comment naissent les images de la contestation et combien les dispositifs médiatiques façonnent – ou déforment – ces images.

Par exemple, le dessin à très grand format, EPHEMERA se déploie comme une ligne visuelle de l’histoire à travers l’espace supérieur de l’exposition au Goethe-Institut, constituant un élément atmosphérique et fédérateur entre les différents ensembles d’œuvres. Dans un rythme continu, il révèle des gestes de contestation, des scènes de réunions politiques et leurs formes d’expression corporelle issues de divers moments historiques. En collaboration avec l’historien Duane Corpis, Herbst a mené des recherches dans les archives et dessiné des gestes qui apparaissent puis disparaissent. Des gestes qui, depuis le XVe siècle, se transforment au fil des siècles dans l’espace public germanophone. Ce travail de dessin saisit à la fois l’action politique et corporelle. Ephemera met en évidence que les corps ne sont pas seulement porteurs de données, mais aussi porteurs d’histoire : ils se souviennent, citent, varient et réinventent sans cesse des gestes, évoluant continuellement sous l’influence des changements sociaux et technologiques.